
ADAMS CONSEIL

MOBILISER L'EXPERTISE MÉDICO-SOCIALE AU SERVICE DE LA TRANSITION INCLUSIVE
« un continuum de solutions qui répartit chacun d’entre nous sur une échelle infinie de degrés »
Si l’inclusion postule d’une adaptation sociale de l’environnement à la réalité des Personnes en situation de handicap, elle réclame en miroir une adaptation des prises en charge à cette nouvelle ambition.
Ainsi, c’est le social de première instance insuffisamment irrigué, nourri, stimulé, poussé, voire contraint à donner toutes ses ressources, qui doit être le lieu de l’amélioration et de la mise en œuvre des services nécessaires à une continuité de la prise en charge et à une vie citoyenne.
« L’essentiel de la nouvelle orientation à prendre et déjà prise par maintes initiatives, se résume dans le développement de services en milieu de vie et non pas de structures [1] ».
« Il apparaît alors que «partout et à chaque fois que l’on peut accompagner la personne en difficulté subissant le poids d’une infirmité à vivre et à cheminer dans le milieu où elle habite, dans le milieu où elle travaille, dans le milieu où elle se cultive et où elle se distrait, on doit pouvoir trouver les services adéquats.
Ces services doivent intervenir dans tous les lieux où se déroule la vie sociale, pour aider ces lieux à devenir réceptifs et assez aménagés ».
Ainsi la transition inclusive réaffirme le droit au maintien de la personne handicapée, dans un cadre ordinaire de vie, qui suggère que les établissements doivent progressivement laisser la place à des services œuvrant « là où les hommes vivent leurs relations de base, là où il y a production d’une société combien riche et multiforme par le nombre de relations, de rapprochements et de conflits qui se tissent ».
Or, ce changement de paradigme, porte en soi, un risque très spécifique de substituer au traitement séparé du handicap une nouvelle forme normative, dont la mutation serait caricature. L’inclusion n’est pas l’assimilation.
L’inclusion ne peut se satisfaire d’une nouvelle production de normes du « milieu ordinaire pour tous ».
Ce milieu que l’on défini « comme le lieu moyen, commun, où les citoyens moyens évoluent. On le croit plus ou moins intangible et l’on pense qu’il appartient aux handicapés de les rejoindre. Dès lors ce n’est pas cette moyenne ou les « valides » se sentent bien qui doit se modifier.
L’enjeu n’est donc pas de contraindre la personne à accepter le scénario moyen jamais ajusté à la réalité du handicap, mais bien de construire la diversité au sein d’un même ensemble. « Nous sommes des semblables mais non des identiques », « nous sommes de dignité égale mais ni de capacités, ni d’histoires superposables [2]».
C’est à l’intérieur même du milieu ordinaire qu’il faut réinventer des formes d’habitats et des modalités graduelles d’accueil et d’accompagnement du handicap. Il nous faut donc bâtir, dans le respect des particularismes de populations « un continuum de solution qui répartit chacun d’entre nous sur une échelle infinie de degrés ».
A l’inverse cela conduirait à tenter « de fondre l’anormalité dans la normalité établie et reconnue par le consensus social [5]», et deviendrait alors la nouvelle forme « d’enfermement [3] » par assimilation.
L'INCLUSION NE SE LIT PAS DANS LA FORME, MAIS DANS LA FINALITÉ !
Cette position du « tout social » peut confiner à l’assimilation, rater la cible de l’individualisation des parcours par nouvelle production de norme, et confirmer une tendance déjà constatée à « à faire comme si », plutôt que de « se pencher sur » [7], au profit d’un déni des spécificités des populations, de la spécialisation des missions, et d’un retour à la seule référence de la territorialisation de l’action sociale.
Or si la diffusion du concept d’inclusion a des vertus pédagogiques indéniables, en particulier dans l’ouverture, le décloisonnement, à l’œuvre, dans des politiques sociales, médico-sociale et du logement, il nous fait cependant courir, « le risque de désincarner le handicap et d’en négliger la corporéité et la dimension d’expériences individuelles [4]».
L’inclusion ne doit pas être confondu à une « forme » , ou une « nouvelle normativité » qui pousserait alors au déni de handicap, elle doit s’articuler à l’expertise et à la mobilisation du secteur médico-social tout entier à condition que celui ci s’en approprie les finalités pour reconstruire ses pratiques et son offre .
La réussite toute entière de la transition inclusive tient principalement de la mobilisation des acteurs médico-sociaux dans la mutation de l’offre de prise en charge.
En outre, cette approche du « tout social » pourrait masquer l’autre enjeu du virage inclusif c’est à dire la reforme silencieuse des pratiques médico-sociales qui doit porter cette dynamique comme une nouvelle ambition dans l’appréhension des besoins et de la singularité de l’individu.
Car inclure, c’est aussi repenser la place de l’individu dans son accompagnement social ou médico-social.
[1] HJ STICKER « pour le débat démocratique: la question du handicap », édition du CTNERHI, 2000, p28-29.
[2] Référence à FOUCAULT , histoire de la folie à l'âge classique
[3] H.J STIKER « Corps infirme et société » ; DUNOD , 1997
[4] J.F RAVAUD ,id ,1999